Pourquoi le Père Noël devrait appeler son SSTI de toute urgence ?

Le 5 Décembre dernier, 2 médecins français, Philippe Charlier (médecin et anthropologue, UFR des sciences de la santé, Montigny-le-Bretonneux, Yvelines) et Nicolas Kluger (dermatologue à l’Université d’Helsinki, Finlande) se sont penchés sur les conditions de travail de celui qui apporte tellement de bonheur aux petits et aux grands dans le Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology.  Les conclusions sont sans appel : On peut être à la tête de la plus grosse entreprise de distribution mondiale et avoir besoin de prévention et d’actions sur ses conditions de travail !

Des problèmes de santé avant même d’entamer sa tournée

Avant même de commencer sa distribution, le Père Noël peut déjà avoir de quoi s’inquiéter de par ses caractéristiques physiques et en ayant basé son activité à Korvatunturi en Laponie finlandaise. Ce personnage de type caucasien originaire d’Europe du nord et âgé de plus de 65 ans d’après les estimations a du souci à se faire en matière de santé ! Sa peau claire sous ces latitudes l’expose à des risques d’excroissances précancéreuses, conséquence d’une exposition aux radiations solaires.

De plus, avec le climat glacial de l’Arctique, l’inflammation de la couche graisseuse sous la peau favorise l’apparition de nodules rouges et douloureux en plus des risques d’engelures voire de gelure. Avec une exposition prolongée et une protection plutôt légère (à moins que son manteau soit doublé avec des matériaux secrets), c’est un exploit que les parties du corps les plus vulnérables (doigts, mains, oreilles, pieds, etc.) soient encore en place.

Enfin, avec le plus grand sérieux, les 2 médecins abordent la question des germes pathogènes et des maladies qui pourraient être transmises par les « elfes ». « Malgré des recherches intensives dans les bases de données biomédicales PubMed et ScienceDirect, aucune maladie potentiellement transmissible entre les lutins et l’homme n’a été identifiée à ce jour. ». Mais ça ne signifie pas que cela ne peut pas se produire un jour !

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Une nuit de travail qui pourrait se voir sanctionnée aux prud’hommes

– Une préparation difficile et risquée

Même si cela est courant dans des entreprises saisonnières, le stress qu’engendre une activité qui dépend à 100% d’une seule nuit favorise l’apparition de symptômes tant physiques que psychologiques. Squames, inflammations, perte des cheveux, éruptions cutanées, dépression, … la liste des conséquences est longue ! L’ambiance au QG début décembre doit être compliquée…

Le 24 Décembre, l’heure approche, il est temps de charger le traîneau ! Et c’est le début d’une longue torture pour son bras. Entre les risques de rupture des tendons de l’épaule et les inflammations/déchirures des tendons de l’avant-bras du fait des mouvements répétitifs du coude pour balancer sa hotte sur son dos c’est l’ensemble des risques de Troubles musculo-squelettiques qui est pointé du doigt. D’ailleurs, la position assise qu’il va endurer lors de ses voyages intercontinentaux l’expose à une phlébite et ne va pas arranger ses risques de sciatique déjà très élevés à cause de sa hotte…   

Les cadeaux chargés, il faut atteler le traîneau avec Rodolphe le renne et ses compères. Le voilà donc  exposé aux risques de transmission microbienne en cas de morsures et aux maladies de peau infectieuses ou allergiques, caractéristiques des élevages de rennes. En Finlande, des éleveurs connaissent ce type de mésaventures dans leurs élevages respectifs…

– Une tournée de tous les dangers

Une fois prêt, le Père Noël s’installe dans son traîneau et se lance à l’assaut des 2.2 milliards d’enfants dans le monde ! (Chiffres de l’UNICEF). Bien que ce nombre de clients ferait envie à n’importe quelle entreprise il n’en reste pas moins qu’il est seul pour faire cette distribution. À titre de comparaison, le leader mondial Amazon livre 5 milliards de colis avec « Prime » grâce à ses 540 000 salariés (sans compter les emplois indirects).

C’est parti donc pour une « prise de quart » qui va durer 36 heures d’affilées pour couvrir la totalité de la planète. Notons déjà le temps de travail qui pourrait tomber sous le coup de la loi qui impose une durée maximale de 12 heures de travail par jour de façon exceptionnelle (10h en temps normal).
Mais le plus compliqué lors de sa tournée sera sans doute l’altitude de vol. À 9000 mètres d’altitude (altitude de croisière des avions commerciaux) ce sont les rayons ultraviolets et les radiations cosmiques qui vont attaquer le corps de « Santa Claus » et apporter leur lot de cancers (mélanomes, carcinomes épidermoïdes cutanés, carcinomes basocellulaires…). Au-delà de cette altitude, le manque d’oxygène, la température et la proximité avec le vide spatial et ses fâcheuses conséquences pourraient valoir des ennuis plus létaux au vieil homme…

Premier arrêt et première difficulté : il faut passer par la cheminée…et il est fortement recommandé de ne surtout pas essayer de l’imiter. Au-delà du traumatisme de faire passer son corps en surpoids, voir obèse, par des millions de cheminées, le non-port d’un masque de protection contre les poussières et le charbon l’expose aux risques des maladies pulmonaires. Et si en plus l’entretien des cheminées n’est pas fait régulièrement, ce sont les maladies liées aux déjections d’oiseaux et autres animaux volants qui pourraient frapper…

Une fois devant le sapin, il est temps de déposer les cadeaux qui feront briller les yeux des enfants impatients…et parfois contagieux. Même si le Père Noël a échappé aux problèmes dermatologiques et bactériens lors des très nombreuses bises des enfants tout au long du mois de Décembre partout dans le monde, il doit encore se risquer à affronter des millions de foyers qui peuvent présenter des risques infectieux. Et d’ailleurs, en passant du froid polaire aux chaleurs tropicales, les risques liés à la transpiration et la macération dans ses vêtements chauds qu’il ne quitte jamais, peut provoquer intertrigo (inflammation dans les plis de la peau) et folliculite (abcès à la base des poils).

Il est temps de passer au foyer suivant, mais avant il faut d’abord boire et manger les offrandes laissées à côté du sapin à son intention. Et pas besoin des conseils d’un nutritionniste pour savoir que ça va poser un problème. Avec une moyenne de 2.4 enfants par femme dans le monde en 2018, on estime donc à 1 milliard d’offrandes à consommer avant de quitter un foyer. Si on compte un verre de 20cl et un cookie par foyer on compte donc 200 millions de litres de lait et 1 milliard de cookies en 36h…sachant que la tradition dans certains pays anglo-saxons veut que le lait soit remplacé par un verre de Cognac, c’est la cirrhose qui guette alors, au-delà du message négatif en matière de sécurité au volant même à 9000 mètres d’altitude…

Risques encourus par la « Père Noël company »

Pour tous ces manquements, l’entreprise, qui doit déjà connaître de grosses difficultés économiques, risque de se faire condamner pour mise en danger d’autrui et dépassement des temps de travail s’il devait être jugé en France. Il risque donc respectivement 1 an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende et cela sans compter sur les différentes amendes supplémentaires qui peuvent aussi aller jusqu’à 15 000 euros par infraction en récidive et les dommages et intérêts qui peuvent être réclamés en cas d’accident ou de dommages corporels. Par ailleurs, il n’est pas prouvé que le Document Unique d’Évaluation des risques est à jour et cela peut aussi coûter jusqu’à 1500€ d’amende voire 3000€ en cas de récidive. Et tout ceci rien qu’en France…

Même si il n’existe aucune information sur l’état de santé, l’âge, le carnet de vaccinations, les habitudes alimentaires, le quotidien, l’activité physique ou les superpouvoirs du Père Noël on se doute que ce vieux monsieur doit avoir bien des talents cachés pour réussir chaque année à faire autant rêver les enfants.

Toute les équipes du SSTI33 vous souhaitent un joyeux Noël et d’excellentes fêtes de fin d’année

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